Le mal tribal et ses actes



Le mal tribal et ses actes
Depuis près d’un mois, le fait tribal est devenu une donne incontournable dans le jeu politique mauritanien. Les idéologues du bâath et du nassérisme qui étaient la couveuse de cette plongée dans l’obscurantisme, sont en train de remettre en avant la tribu pour assurer aux "maîtres de céans" un pouvoir et une popularité qu’ils perdent chaque jour davantage avec une crise multiforme préjudiciable à la sérénité des cœurs dans le pays.

Ayant été écartés du jeu politique du moment consacré par un projet de dialogue mettant uniquement face à face le pouvoir et son opposition traditionnelle, les nationalistes arabes sont en train de verser tout simplement dans le jeu mesquin de pourrir les choses en replongeant le pays dans un référentiel antinomique avec l’Etat : la tribu. Sur les plateaux de télévision où ils sont invités, le message est le même : revenir à la tribu pour renforcer l’ethnie et la communauté !

L’histoire est là pour nous rappeler que dès qu’ils avaient mis la main sur la patrie par le biais d’officiers tribalistes et sectaires, ils avaient d’abord interdit la définition des régions par des numéros abstraits, neutres et plus pédagogiques pour orienter l’inconscient collectif vers le national commun.

A la place des anciens repères qui ne faisaient pourtant de mal à personne, on s’est retrouvé dans l’apologie des Emirats, eux-mêmes, intimement liés aux alliances tribales et aux conglomérats archaïques des bandes de "razzias" et des adeptes des "supériorités" imaginaires. Très rapidement, la stratification sociale, dans toutes nos couches qu’elles soient arabes ou négro-africaines sera le principal critère de "présence", de "droit" et de d’accès même à l’existence. Elle remplacera largement le mérite, la compétence et le droit naturel qu’accordent tous les principes moraux à l’être humain.

Sous la coupole des obscurantistes, le Mauritanien ne sera plus identifiée par son statut de citoyen, mais plutôt par celui de son appartenance familiale, tribale, régionale ou ethnique. L’astuce était flagrante et nauséabonde ; mais c’était le plus court chemin pour les nationalistes et leurs succursales pour tenir la Mauritanie et les citoyens mauritaniens, en otage.

Devenu l’animal gisant de ce jeu, le pays sera partagé entre les grandes tribus et les ensembles dits "nobles". Ce partage tribal de l’Etat et de sa rente accentuera les antagonismes et conduira aux drames que nous avons tous vécus. Soit dans le cadre de purges dans les rangs de l’armée qui ont touché des mouvements cibles, soit dans le cadre du sanglant règlement de compte savamment orchestré avec les intellectuels et originaires de la Vallée, soit avec les membres de tribus qui se retrouvaient, pour une raison ou pour une autre, lésées dans le jeu. Ici, les purges de 86- 87, les pogroms de 1989, 1990 et 1991, ainsi que les criminels règlements de compte, à forte connotation tribale et régionaliste, qui ont suivi la tentative de coup d’Etat de juin 2003 contre Ould Taya, sont plus que révélateurs.

Aujourd’hui, le système tribal se trouve dans une impasse. Les précurseurs de cet ordre obscurantiste se rendent-ils pas maintenant compte que bâtir un Etat fort par le droit, le travail, la fraternité, la citoyenneté et la valorisation de tout ce dont la Mauritanie dispose comme atouts est, de loin, la seule garantie de pérennité pour nous ? Visiblement non !

Ils continuent de surfer sur la "vague tribale", comme s’ils ne devaient pas se repentir et dire pardon aux Mauritaniens qu’ils ont bernés, quatre décennies durant, par des slogans creux et des pratiques plus que criminelles.
Ne se rendent-ils pas, enfin, compte que la Mauritanie est à la queue de toutes les nations des deux sous-régions qui l’entourent ? Qu’elle est à des années lumières de nations qui ont acquis leur indépendance bien après elle ? N’ont-ils pas honte de voir que dans un Etat, qu’ils prétendent moderne, les secteurs sont taillées sur les mesures d’une seule tribu : magistrature, administration territoriale, finances, armée, garde, gendarmerie, enseignement, police, etc.???

Les tribalistes ont la dent dure. A chaque tournant de notre histoire, ils ressortent au grand jour, avec de larges sourires assassins, pour inoculer le venin de leur trahison et de leur vénalité, pour arrêter le développement de ce pays, pour freiner la marche inéluctable de notre peuple vers l’indépendance, la liberté et l’épanouissement du citoyen.

Jusque l’heure, ils sont toujours parvenus à leurs fins en mettent en veilleuse voire en étouffant les rares velléités de contestations qui se mettaient contre eux. Les anciennes générations d’hommes libres et qui aspirent à la démocratie réelle, ayant été vaincues, c’est aux générations actuelles de les vomir. Il est du devoir de ces dernières de forcer ces momies qui n’ont d’autre chose à proposer que les féodaux et les obscurantistes. N’est-il pas enfin temps pour ces figures du passé de quitter la scène et de se consacrer à confectionner leurs linceuls au lieu de s’ériger en guides pour une patrie qu’ils ont vendue, coulée et humiliée !

Amar Ould Béjà


Source: http://lauthentic.info

Vendredi 6 Mars 2015
Boolumbal Boolumbal
Lu 153 fois



Recherche


Inscription à la newsletter