Le 28 novembre 2015 la Mauritanie vers un examen de conscience pour un changement stratégique



La Mauritanie célébrera dans l’incertitude ce samedi 28 novembre 2015, son 55e anniversaire d’accession à la souveraineté nationale contre la France. Cette souveraineté acquise à la suite d’une lutte des Mauritaniens du Nord et du Sud a échoué sur l’union sacrée dans une appartenance commune. Cette analyse de conscientisation ne consiste pas à retracer l’histoire douloureuse de la Mauritanie, mais de faire le bilan du chemin parcouru depuis 1960 jusqu’en 2015, dans notre pays qui ne vit qu’aux rythmes des événements dramatiques susceptibles de remettre en cause son existence. Chaque époque, des hommes et des femmes ont consenti le sacrifice suprême pour que la jeunesse mauritanienne vive la liberté sous toutes ses formes. Par ailleurs, cette date évoque pour nous peuple noir opprimé de la Mauritanie, la souffrance de vivre dans un pays qui traite si mal ses propres citoyens. Sommes-nous pour autant libres ? Cette indépendance mérite-t-elle d’être célébrée ? Pourquoi nous sommes si éloignés les uns des autres en Mauritanie qui traite inégalement ses citoyens ?

Diagnostic du problème :

Pourquoi, en dépit des luttes pacifiques, nous sommes encore sous domination ? Nous sommes engagés dans la lutte en ordre dispersé. Mais, pour qu’une lutte soit efficace, le leadership en question a besoin d’un soutien populaire massif pour solidifier la base arrière. Or en Mauritanie, il arrive souvent que l’on abandonne nos leaders sans soutien face au système injuste prêt à tout pour maintenir ses privilèges. Donc, il est impératif que nous envisagions un changement stratégique, non seulement pour l’efficacité de notre combat pacifique, mais aussi pour honorer la mémoire de nos aînés. Pour atteindre ce but, une rectification stratégique s’impose plus que jamais pour quitter définitivement des combats individuels vers une lutte pacifique et collective dans une organisation de masse structurée sous la responsabilité d’un leadership capable de rayonner la cause à l’échelle nationale et internationale.

Notre conscience citoyenne nous recommande de reposer la problématique autrement afin de réinventé l’avenir avec sérénité. Nous devons nous ressaisir au nom de la mémoire des martyrs afin de réinventer des nouvelles stratégies d’alliance de sécurité collective pour gagner la liberté tant voulue par nos pères fondateurs. Quand le passé parle au présent, le message décodé renvoie clairement à l’existence du système politique qui se nourrit du racisme, de l’esclavage et du tribalisme qui s’est servi des moyens de l’Etat pour tuer et déporter massivement les combattants de la liberté. Nous sommes au XXIe siècle, le même système procède aujourd’hui aux emprisonnements arbitraires pour étouffer l’espoir et le renouveau démocratique incarné par Mr. Biram Dah, Président de L’IRA-Mauritanie et son Vice-président Mr. Brahim Bilal, deux prisonniers politiques et d’opinions pris en otages dans les geôles d’Aleg.

Une exigence de changement stratégique : l’apport des Harratine :

Le changement stratégique en Mauritanie passe impérativement par la valorisation de la masse harratine, une vérité que nous devons rendre à l’évidence, si nous voulions vaincre le système. Il s’agit de placer les Harratine au cœur de cette nouvelle mouvance, car personne ne pourra gagner le combat sans le concours de la majorité harratine aujourd’hui opprimée, mais qui fait l’objet de cooptation pour assurer les victoires futures. Trois configurations nous aident à comprendre la véracité de notre raisonnement :

-Premièrement, les Arabo-berbère (25%), qui dominent pourtant les leviers de l’Etat ne pourrons jamais maintenir un système de domination sans l’appui des Harratine de leur côté.

-Deuxièmement, si la liberté des Negro-mauritaniens : Peul, Soninké, Wolof et Bambara (30%), tardait à se concrétiser en dépit de la lutte commencée depuis 1960, c’est parce qu’elle s’est faite sans l’association des Harratine. Ainsi, le combat pour la liberté ne verra pas le jour avec l’exclusion de la majorité harratine.

-Troisièmement, aux Harratine (45%), de la population de comprendre qu’ils n’ont intérêt à devenir ni Arabe, car l’arabe noir n’a jamais existé dans l’histoire de l’humanité, ni Négro-mauritanien, par ce que la séparation liée à l’esclavage crée des différences culturelles difficiles à surmonter. Ainsi, les Harratine doivent constituer un groupe social distinct fondé sur l’identité harratine reconnue comme telle pour canaliser ce changement en cours.

Analyse de nos erreurs :

Depuis 1960, à nos jours le système continue de nous asservir, exclure, tuer, déporter et emprisonner. Qu’avons-nous fait collectivement pour empêcher la domination ? Notre lutte a été affaiblie par l’absence de coordination stratégique et l’abandon de nos leaders qui se retrouvent seuls face au système impitoyable. L’exemple de l’Afrique du Sud doit nous inspirer dans la vie de tous les jours, car il y a des similitudes entre l’Apartheid et le système raciste et esclavagiste mauritanien. Mais, il existe aussi des différences dans les méthodes de lutte, pendant que les Sud-africains s’unissaient autour de Nelson Mandela, les Mauritaniens eux, basculent dans la lutte sans leadership unifié. Ne nous y trompons pas, la domination de la minorité maure contre la majorité noire n’est que la conséquence directe de notre division.

Il n’y a pas de rupture dans la lutte pacifique :

Tout combat a un prix. La lutte pacifique pour la libération du peuple opprimé suit une trajectoire historique. Elle a été portée par des hommes e des femmes courageux qui ont cru à la cause pour que nous soyons en mesure de redéfinir le combat afin de parachever le rêve des martyrs pour une Mauritanie libre. Les morts, il y en a eu des centaines et des milliers de déportés dont le seul tord est celui d’être noirs. Tous méritent notre respect et admiration, et il reviendra à la nation mauritanienne, de prendre en charge la continuité de la flamme éternelle.

Etant donné que cet article participe à l’éveil des consciences à la veille de la fête nationale du 28 novembre 2015, il est important d’évoquer la désorientation de cette date qui n’a plus la même signification pour tous les Mauritaniens à cause de l’assassinat de 28 soldats négro-mauritaniens qui ont servi avec honneur leur pays. Ce geste d’une inconscience a été perpétré par la classe politique soucieuse d’une Mauritanie mono-linguistique et mono-raciale sous la présidence du colonel Moaouya Ould Sid Ahmed Taya. Un geste lâche qui a fait perdre à la Mauritanie son âme. Dès lors que ce pays nous appartient tous et aucune communauté ne peut aller sans les autres, donc tuer pour saboter une des communautés, est une façon de contribuer à l’effondrement de la Mauritanie. Aux bourreaux de comprendre que l’impunité n’est pas la voie du salut.

Aux progressistes Arabo-berbères :

Toute dictature a besoin d’ennemis pour justifier sa barbarie. En Mauritanie, le système est au sommet du pyramide, donc il n’y a pas de possibilité de monter plut haut, d’où sa régression est inévitable. En effet, la chute des systèmes oppresseurs s’accompagne toujours avec la perte de contrôle de la situation. Dans cette mouvance, nous devons réunir toutes les conditions pour que les voies progressistes maures comme le Colonel Oumar Ould Beibacar et tant d’autres s’expriment dans la plus grande dignité. L’histoire retiendra d’eux d’être des acteurs politiques pragmatiques à l’image de Frederik William De Clerc, qui pour sauver la minorité blanche d’Afrique du Sud, n’a pas hésité à revenir à la raison pour engager un dialogue sincère avec Nelson Mandela.

Les pistes de solution, la Mauritanie vers le fédéralisme :

Il faut convoquer le dialogue national inclusif pour la refondation territoriale et politique de la Mauritanie. En ce sens, nous devons réactualiser l’esprit du Congrès d’Aleg de 1958, pour réengager la Mauritanie vers le système fédéral. Face à l’urgence nationale, le fédéralisme est une solution politico-institutionnelle capable de nous éviter le chaos additionnel :

1. Nous avons des régions naturelles qui constitueront des Etats fédérés.

2. Les particularités cultuelles, politiques, économiques et sociales reviendront prioritairement aux populations locales.

3. Reconnaitre que le fait que les Harratines constituent une majorité sans région naturelle est un problème à résoudre.

4. Alors comment créer une base territoriale pour les Harratine ? Le principe du fédéralisme nous recommande de créer une région intermédiaire qui reviendra aux Harratine entre le Nord Arabo-berbère et le Sud Négro-mauritaniens.

5. Il faut absolument libérer Mr. Biram et Brahim qui incarnent l’espoir de solution pour la Mauritanie fédérale.

6. Valoriser la synthèse incarnée par les Harratine qui ont la légitimité de parler aux Arabo-berbère dans la même langue et aux Négro-mauritaniens avec lesquels ils partagent l’identité raciale.

7. Lutter contre l’esclavage et la pauvreté des Harratine, car les richesses naturelles de leur nouvel Etat fédéré leur reviendront prioritairement


Source: http://www.anapolstrategie.com

Vendredi 27 Novembre 2015
Boolumbal Boolumbal
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