Hommage à Gualaye Aly FALL : L’œuvre du « chantre du Pékaane » expliqué au public



A travers un colloque qui a fait l’objet de près d’une dizaine de communications, le Grand Théâtre national a rendu un hommage particulier à Gualaye Aly Fall samedi dernier. Le public qui s’est déplacé en masse, a pu découvrir la richesse de la production artistique du « chantre du Pékaane».

Plus de trois décennies après sa disparition, l’œuvre de Guélaye Aly Fall continue encore de susciter une admiration. L’organisation d’un colloque, samedi dernier, sur la vie de l’artiste a permis au public de découvrir la richesse de sa production artistique. Né en 1898 à Aram, il est considéré comme l’un des plus grands poètes de la poésie halpulaar. Abordant la poésie de Guélaye, le Professeur Hamidou Dia, conseiller culturel du président de la République, affirme que le « chantre du Pékaane » est un maître de l’épopée. Dans « Falémé », l’un de ses chefs d’œuvres, il dépeint la confrontation universelle entre l’homme et la bête. « Guélaye est le chantre du fleuve, il a réussi à parler du Fouta à travers sa faune et sa flore en des termes exceptionnels qui plongent dans une nostalgie profonde tous ceux qui ont connu cette localité de jadis et de naguère », explique-t-il. Sur le plan poétique, a ajouté M. Dia, l’homme a beaucoup joué sur les annonces, les allitérations et les métaphores. Selon lui, la particularité de Guélaye est liée au fait qu’il a ressuscité et réinventé le « Pékaane ».

Une poésie empreinte d’amour

De son côté, le Professeur Amadou Ly soutient que la poésie de Guélaye Aly Fall obéit à certains rythmes et règles poétiques. Il va même jusqu’à le comparer à Homère. «Guélaye est à l’image d’Homère chantant l’Eliade et l’Odyssée. Il raconte des combats épiques entre l’homme et l’animal. Il décrit son environnement et émeut son auditoire par sa belle voix et les chansons tristes qu’il raconte», avance-t-il.
S’exprimant à propos de la richesse lexicale de l’œuvre de Guélaye Aly Fall, le Pr Djibril Hamet Ly fait remarquer que les classiques du « chantre du Pékaane » sont traversés par les thèmes de l’espace, du temps, de la beauté des valeurs, de l’esthétique, de l’ésotérisme… D’après lui, c’est aussi une poésie empreinte d’amour.
Pour sa part, le journaliste et homme politique mauritanien Ibrahima Sarr confie que Guélaye Fall est un « chantre de la culture peul ». Ses œuvres sont aujourd’hui relayées par de jeunes talents. « Il a su véritablement fixer toute la chanson relative à l’eau et aux peuples pratiquant la pêche. Sa production mérite d’être connue non seulement des halpulaar mais aussi des autres ethnies », souligne-t-il.

Vulgariser les œuvres de Guélaye

Les conférenciers sont unanimes : la production artistique du « maître du Pékaane » doit être connue du grand public. De l’avis du Pr Hamidou Dia, l’œuvre de Guélaye Aly montre l’importance de nos traditions littéraires et l’urgence de les connaître et de les exploiter. Car, ajoute-t-il, leur « exploitation judicieusement permettra de donner à nos enfants une meilleure armature de leur identité ». C’est dans ce sens que les initiateurs de ce projet ont prévu d’éditer les travaux émanant du colloque. « On va traduire nos travaux en anglais et en wolof pour que tous le monde y ait accès, surtout les jeunes », a promis Pr Amadou Ly. Selon lui, il faut que les jeunes générations sachent « que nous avons un fonds culturel riche et qu’il suffit simplement de s’y pencher pour pouvoir l’exploiter ».
Aussi, relève-t-il, il faudrait que l’Etat exhume toutes les œuvres de nos grands artistes pour en faire des Cd qu’il distribue et enseigne à lajeune génération.
Rappelant que la culture est au début et à la fin de tout processus de développement, Ibrahima Sarr a insisté sur la nécessité de s’imprégner des « œuvres que nous avons produits jusqu’ici pour que nous puissions aller de l’avant».

Exposition en hommage à Gualaye Aly Fall : Kalidou Kassé immortalise les peuples de l’eau

En marge de cette cérémonie d’hommage à Guélaye Aly Fall, l’artiste plasticien Kalidou Kassé a présenté une exposition sur les peuples de l’eau. Ses tableaux trônant dans le hall du Grand Théâtre allient beauté et nostalgie. L’univers est peuplé de pirogues, de poissons, de filets de pêche… Tout renvoie à la valeur du fleuve et tout ce qui y tourne. C’est pourquoi l’artiste a préféré mettre le focus sur la couleur bleu pour mieux donner du sens à sa représentation. Aussi, à travers ses œuvres, Kalidou Kassé plonge les férus de la peinture dans les rouages du mystère de la culture peul. Les tableaux magnifient la beauté de la femme peule, exaltent les exploits des guerriers et célèbrent certains rites locaux à l’image de la circoncision. La faune et la flore y occupent également une place de choix… Entre symbolisme et réalisme, l’artiste fait revivre tout une culture bâtie sur les berges de la vallée du fleuve Sénégal à une époque de l’histoire.

Source: http://www.lesoleil.sn

Mercredi 23 Avril 2014
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