Exclusif avec… Me Fatimata Mbaye : Focus sur la crise en Centrafrique, la distinction légion d’honneur Française 2014 et les menaces de mort proférée contre la militante Aminetou Mint Moctar



Exclusif avec… Me Fatimata Mbaye : Focus sur la crise en Centrafrique, la distinction légion d’honneur Française 2014 et les menaces de mort proférée contre la militante Aminetou Mint Moctar
Exclusif avec… Me Fatimata Mbaye : Focus sur la crise en Centrafrique, la distinction légion d’honneur Française 2014 et les menaces de mort proférée contre la militante Aminetou Mint Moctar.
«Les droits de l’homme ne se construits pas en atelier. Il faut une justice forte, sans trafic d’influence» soutient Me Mbaye.
La présidente de l’AMDH (Association Mauritanienne des Droits de l’homme) Me Fatimata Mbaye a reçu le 14 Juillet dernier, la légion d’Honneur française saluant son combat pour les droits humains. Votre site Rimweb, s’est entretenu avec La lauréate du « Trafficking in Persons Report » pour qui « beaucoup de choses n’ont pas été fait en matière de Droits de l’homme en Mauritanie ». Entretien
Rimweb : Avec une équipe d’expert aux USA, vous avez récemment rendu le 1er rapport de la commission de crise d’enquête sur la Centrafrique, quel est le verdict de ce rapport ?
Me Fatimata Mbaye : On a déjà déposé ce rapport, on n’a pas encore fini nos investigations. Ce n’est qu’un rapport préliminaire, donc de premier constat sur la crise qui sévit en Centrafrique. C’est vraiment dommage qu’un pays arrive à ce stade, de déchirement entre les mêmes citoyens qui ont toujours tout partagé. C’est dommage qu’ils arrivent à un point où ils se détestent entre eux de telle sorte qu’ils en arrivent à des tueries.
Nous avons fait un constat et nous avons demandé que la communauté internationale acte le plus rapidement possible pour éviter que le pire n’arrive dans ce pays. Je pense que c’est un pays qui a toujours souffert de l’impunité, avec tous les régimes qui se sont succédé, coup d’état après coup d’état. Il ya des cas d’impunité qui se sont accumulés et malheureusement, cela s’est déversé sur la population civile qui est aujourd’hui victime de la crise Centrafricaine.
Rimweb : De retour de mission, vous avez reçu le 14 juillet la légion d’honneur de la République Française, quelle réaction par rapport à cette distinction ?
F.M : Je partage cette distinction avec mes collègues sans qui je n’aurai pas fait un tel travail tant au niveau national qu’international. Nous aspirons tous à une paix durable, une cohésion sociale, une démocratie, des institutions démocratiques pour les besoins des populations. Je pense que l’AMDH (l’Association Mauritanienne des Droits de l’homme) depuis sa création s’est illustrée dans le cadre de lutte pour l’acquisition du droit et particulièrement la préservation des droits de l’homme : celui des citoyens mauritaniens et de toute personne qui vit ou qui a transité en Mauritanie.
Au cours de nos 23 ans d’actions, nous avons fait la preuve qu’avec la volonté et l’engagement des populations on peut arriver à changer certaines choses. On ne peut pas dire aujourd’hui que tout à changer en Mauritanie, mais nous savons que par rapport à la date de création de notre association à aujourd’hui, même s’il y a encore des restrictions dans l’exercice et la jouissance des droits, aujourd’hui quelqu’un peut parler, crier même si cela ne plait pas à certains.
Les droits de l’homme, c’est l’objet qui fâche, non seulement le gouvernement mais certains milieux, parce qu’on touche là où il ne faut pas toucher. C’est une distinction qui nous encourage à aller de l’avant, à ne pas désespérer et surtout à ne pas délaisser ceux et celles qui ont toujours besoin d’être accompagnés, d’être appuyés afin d’acquérir les droits. Notre défi c’est aussi de continuer à mener un travail au niveau de nos gouvernements pour que ces derniers changent leur comportement vis à vis de leurs populations.
Il faut que les gouvernements soient démocratiques, respectueux des droits de l’homme et qui instaurent un état de droit pour le bien être des populations. Dans tout pays où il n’y a pas de droit, il faut dire que cette nation est vouée à une certaine instabilité politique, économique et sociale. C’est une distinction qui a toujours été attribuée à des personnes qui ont rendu un service honorable à la France mais après cette distinction a été étendue à des personnes étrangères ou institutions qui ont œuvré dans ce sens. L’AMDH n’a pas fait sont travail pour x ou y mais nous l’avons fait pour toute la nation mauritanienne. Et partout où nous sommes interpellés, nous sommes prêts à y répondre.
Rimweb : Votre consœur, Mme Aminetou Mint Moctar Président de l’Association des femmes Chefs de Famille (AFCF) a été menacée de mort récemment, quel commentaire vous inspire cette affaire?
Me F. Mbaye : Je pense que c’est inadmissible dans un Etat qui se dit Etat de droit, rien qu’au niveau de la charia. On ne peut pas accepter aujourd’hui qu’une personne ou des groupes de personnes se donnent le droit d’attenter à la vie d’autrui, c’est inacceptable. C’est là où il y a la base d’un Etat. Aucun état ne doit accepter qu’une personne ou qu’une entité de personne essaie d’usurper le droit de poursuivre une personne ou de condamner une personne. Cette personne qui a proféré des menaces contre Aminetou Mint Moctar doit être poursuivie. Le code est très clair. C’est une diffamation et une menace de mort qui a été ouvertement libellée contre une citoyenne (même si elle n’était pas citoyenne). Je pense que l’Etat doit mettre fin à ce genre de comportement. On ne peut pas accepter cela dans une société musulmane qui respecte les principes de l’Islam.
Rimweb : Pour finir qu’elle est aujourd’hui l’état des lieux des droits de l’homme en Mauritanie selon vous?
Me F.Mbaye : C’est un bilan mitigé. Ceux qui sont sincères sont peu. Sur le terrain rien n’a changé. On est encore au point zéro. Les textes ne sont pas appliqués. Par rapport aux OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) beaucoup de choses n’ont pas été faites. Les droits de l’homme ne se construits pas en atelier. Il faut une justice forte, sans trafic d’influence.
Propos recueillis par Awa Seydou Traoré & Badiana

Source: http://rimweb.net

Lundi 18 Août 2014
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