Entre sexisme et fausses croyances, naissance et combat d’une pratique barbare



Depuis 2004, le 6 février est l’occasion de rappeler que l’excision est une pratique barbare, fondée sur rien si ce n’est la domination masculine et de fausses croyances, qui touche pourtant encore 125 millions de femmes et de filles dans le monde par an (selon les données de l’Organisation mondiale de la santé en 2014). Au Mali, elles sont plus de 7 millions à être concernées. Néanmoins, les mentalités ont largement évolué ces dernières décennies. Madina Bocoum Daff, coordinatrice du projet de lutte contre l’excision pour Plan International au Mali, nous a raconté le combat qu’elle mène depuis plus de 15 ans.

La lutte contre l’excision est le «combat de (sa) vie». Madina Bocoum Daff, 60 ans, est la coordinatrice du projet de lutte contre l’excision pour Plan International au Mali. Elle-même victime de cette mutilation génitale féminine (MGF) dans sa plus tendre enfance, elle sillonne son pays, et d’autres, pour dénoncer cette tradition barbare perpétuée par ignorance. Une méconnaissance des conséquences de cette pratique sur la santé des femmes, fondée sur d’obscures croyances qu’elle s’attèle à démonter. Madina insiste là-dessus : c’est en prenant conscience de ce qu’est réellement l’excision, chirurgicalement parlant, mais aussi en réalisant qu’elle ne trouve ses origines que dans des préjugés et superstitions absurdes, que l’on réussira à mettre fin à ce fléau.

L’excision consiste en l’ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres (qui entourent le vagin). L’infibulation est la forme la plus sévère d’excision : il s’agit de rétrécir l’orifice vaginal par la création d’une fermeture, réalisée en coupant et en repositionnant les lèvres intérieures, et parfois extérieures, avec ou sans ablation du clitoris. Des mots qui ne suffisent pas pour laisser percevoir la douleur que peuvent endurer les femmes qui en sont victimes. Pendant l’acte chirurgical, d’abord, d’autant qu’il est parfois pratiqué dans des conditions d’hygiènes inappropriées, et peu donner lieu à des complications plus ou moins grave – de la simple infection à l’hémorragie mortelle, en passant par la perforation de l’urètre, de la vessie ou encore du sphincter. Pendant leurs règles, ensuite, du fait de la rétention du flux menstruel. Puis le soir de la nuit de noces, après avoir faire revenir l’exciseuse pour couper la «fermeture». Et bien sûr lors de l’accouchement. Autant de «douleurs», de «chocs psychologiques», qui poursuivent ces femmes toute leur vie, leur provoquant souvent un blocage par rapport aux rapports sexuels, les conduisant à rejeter leur mari, et parfois même au divorce.


Source: http://ajd-mr.org

Dimanche 7 Février 2016
Boolumbal Boolumbal
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