Discours du président Balas, à l'ouverture du Dialogue national.



Bismilahi Rahmani Rahimi, Wa Salatou Wa Salam Ala SéyidinaMohamed (Paix et salut sur lui),

Monsieur le président de la République, Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, chers compatriotes, honorables invités

Le parti arc-en-ciel par ma voix est honoré d'être représenté dans cet hémicycle pour prendre part au dialogue national.
Un dialogue que nous souhaitons de tout cœur porter ses fruits dans l'intérêt bien compris de tous les mauritaniens.
Ce rendez-vous du donner et du recevoir d’où jailliront des décisions positives pour le devenir de notre pays, nous permettra d’aplanir nos divergences et de converger vers la réalisation d’un idéal de paix et de justice au profit de l’ensemble des communautés de notre cher peuple.
L’engagement du PMC Arc-en-ciel dans ce dialogue découle d’une conviction profonde selon laquelle cette approche civilisée et pacifique est la seule voix du salut pour notre pays, une voie quicontraste avec la politique de la chaise vide qui n'a fait recettes nulle part.
Nous osons espérer que cette rencontre se déroulera dans la sérénité et le respect mutuel et qu’elle ne se transformera pas en une unité du cheval et du cavalier, ce qui pourrait nous entraîner dans une cacophonie interminable.
Notre parti qui se situe à égale distance des autres formations politiques se donne comme priorité de réconcilier tous les mauritaniens entre eux- mêmes.
Cet objectif noble, nous y tenons comme un sacerdoce et nous nous emploierons à le réaliser en usant de tous les moyens possibles.
Ce parti arc-en-ciel est un parti de contribution et de proposition.
Il met l’intérêt de la Mauritanie au dessus de tout et fait du règlement des problèmes des citoyens sa raison d’être.

Monsieur le président ,Mesdames, mesdemoiselles,messieurs, honorables invités, notre formation politique loin de tout extrémisme et loin d'être atteinte de cécité ou d'otite politique reconnaît par sa bonne foi que le mouvement de rectification avait semé des grains d'espoir dans le cœur et dans l'esprit de beaucoup demauritaniens. En effet, il était intervenu à un moment où l'injustice avait atteint son paroxysme et les citoyens abandonnés à leur triste sort ne savaient plus à quel saint se vouer.
L’anarchie et la gabegie étaient alors de mise, la coupe était pleine et le fruit était mur, il ne restait plus qu'à le cueillir. Il s'en était suivi unevéritable liesse populaire qui avait salué, soutenu ce mouvement de rectification.
Et le vaillant peuple mauritanien, uni dans sa diversité tenait à refermer une page sombre de son histoire que certains politiciens sans scrupules avaient largement contribué à fomenter et à entretenir.
La prière à Kaedi capitale du Gorgol , le retour des déportés,l'indemnisation de militaires victimes des atrocités des années de braise de 1989 à 1991, sont autant d'atouts qu'on doit mettre à l'actif du régime actuel .
Ces dernières années le pays est devenu un véritable chantier. Des infrastructures émergent de partout: eau, électricité, route goudronnées, centre de santé etc.
Mais force est de constater que beaucoup reste à faire. Après l'épuration ethnique de 1989, les séquelles de ces douloureux événements sont encore présents et les réalités demeurent têtus et choquantes.
Les problèmes des déportés réfugiés au Sénégal et au Mali sont toujours pendants. Et beaucoup parmi ces victimes de la bêtise humaine, sont aujourd’hui des réfugiés chez eux, dans leur propre pays, ne récupérant ni leurs maisons ni leurs terres alors que certains de leurs compatriotes détiennent leurs biens, au vu et au su de tous.
Il s'agit d'une justice injuste, d’une injustice flagrante, c'est à dire une justice à deux vitesses abandonnant certains citoyens à leur triste sort et privilégiant les autres.
À l'heure actuelle aucun negro-Mauritanien ne dirige une banque dans son pays. Et pourtant ce n’est pas faute de compétences. Des expertises d’une rare qualité sont légion.
Ce constat amer on le trouve au niveau des postes de responsabilité et ce dans tous les domaines : administration territoriale, santé, sociétéd’états sans oublier le secteur de la sécurité (l’armée, la police, etc).Aucun directeur de radio ou de chaine télévisée publique ou privée.
Cette situation est dangereuse et porte les germes de la division et de la frustration.
Le moment est venu de procéder à une répartition équitable des postes de responsabilité sur la base de l'homme qu'il faut à la place qu'il faut. Il y va de l’intérêt national et du renforcement de la cohésion sociale.
L'agence d'état civil rend la vie dure aux negro-mauritaniens qui rencontrent des difficultés énormes pour acquérir leurs nationalités, leurs pièces d'état civil.
L'occupation illégale des terres de Darel Barka est en violation flagrante des droits de l'homme qui reconnaissent la propriété privée. C’est là une entorse au droit coutumier.
L'enseignement de la langue arabe est un élément important dans la cohésion sociale, d'autant plus que tous les mauritaniens se partagent l'islam notre sainte religion.
Il serait par ailleurs plus judicieux de promouvoir nos langues nationales : arabe, poular, Soninké , et Wolof. En attendant l'émancipation de ces langues nationales, nous vous proposons le maintien de la langue française pour une période donnée.
La politique de lutte contre la gabegie doit être poursuivie pour assainir nos finances publiques .Comment peut on comprendre qu'une minorité d'individus s'accaparent des biens du peuple et se retranchent dans les villas de honte qui poussent ça et là comme des champignons alors qu'une bonne partie du peuple Mauritanien ne dispose même du minimum requis.
Monsieur le président, Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, l'histoire nous apprend que les nombreux conflits qui ont émaillé la planète finissent toujours par amener les différents protagonistes à se retrouver autour d'une table de négociation. Pourquoi alors ne pas commencer la où l'on a terminé ? C'est que la loi de la passion a fini par triompher sur la raison.
On ne peut nullement refermer les pages d'un livre sans les avoir lues sinon les cicatrices encore à fleur de peau referont surface et le pays tout entier sera assis sur un volcan dans l'intérêt des pyromanes près aattiser le feu.
Nous devons des à présent nous considérer comme des sapeurs pompiers près à barrer le chemin à ces apatrides sinon les générations futures ne nous pardonneront pas notre laxisme et notre négligence et nous endosserons la responsabilité d'une situation catastrophiquequ'elles n'ont jamais créée .il s'agit donc là d'une bombe à retardement qui pourra éclater à tout moment.
Réuni aujourd'hui autour du thé de la paix , dont nous allons nouspartager les dividendes avec le peuple tout entier nous n’avons plus droit à l'erreur .
La situation des anciens esclaves est toujours préoccupante, les mesures d'accompagnement entreprises jusqu'ici ne constituent qu'uneinfime partie de l'immense iceberg car le mal est encore plus profond. La libération d'anciens esclaves ne se résument pas uniquement au niveau des décrets, elle doit être perçue comme une réalité palpable et concrète .Que seront alors la liberté d'un homme assoiffé, affamé, abandonné en plein désert sans eau ni nourriture ? Sinon de mourir.
Il est temps de procéder à la réparation des préjudices par nos nombreux compatriotes toutes races confondues. Je fais allusion àl’aile bassiste accusée d'être trempée dans un putsch et les negro-mauritaniens que certains de nos compatriotes soupçonnés d'être des membres du front Polisario à l'époque de la guerre de Sahara.
Il existe certes des contradictions entre les différentes formationspolitiques mais elles sont loin d'être synonyme d’antagonisme, au contraire elles sont source de complémentarité voire de richesse.

Monsieur le président ,Mesdames mesdemoiselles et messieurs cher compatriotes honorables invités
Les traitements inhumains et dégradants dont ont été victimes les negro-Mauritaniens durant les événements des années de braise de 1989 ne doivent plus être escamotés ainsi que les préjudices physiques, moraux ,socio culturels et commerciaux qui s'en ont suivi doivent être répertoriés en vue de leurs réparations :
Pour ce qui est des préjudices physique , il y a eu les châtiments corporels qui ont conduit aux handicaps à vie, à la mort , aux dérangés mentaux ; ce sont là autant d’exactions dont les victimes ou ayant droits réclament justice et la réparation des sévisses subis .
S’agissant des préjudices moraux : des familles entières furentdéshabillées nues face à un frère, un père, une mère, une sœur voire même un beau-frère, un beau-fils, une belle sœur avant d'être torturées et expulsées au Sénégal.
Ces réfugiés aux yeux hagards perdus en pleine brousse sans ressources ignorants tout du pays d’accueil.
Traumatisés, humiliés, torturés et apatrides ils ne savaient plus à quel saint se vouer ni à quelle sauce ils seront mangés car les fauves pourraient bien en faire leurs nourritures favorites.
Il y a eu aussi des préjudices culturels: l'expulsion précipitée sans préparation dans un pays étranger que la plupart d'entre eux ignorent àconduit à un choc de culture voire même à une xénophobie parfois ; les nouveaux venues étaient considères comme des envahisseurs.
Et il y a eu également des préjudices commerciaux: de riches commerçants et hommes d'affaires qui avaient prospéré dans leurs pays se sont retrouvés du jour au lendemain pauvres, leurs biens ont été pillés et ils ne vivaient que de l'aumône internationale du HCR. D'autres ont laisse derrière eux, leurs maisons, leurs argents leurs pièces d'état civil, leurs troupeaux et les postes de responsabilités qu'ils occupaient à la fonction publique.
Et j’en viens aux préjudices sociaux : confrontés à un environnement social différent dès leur arrivée, ils ont dû endurer tous les sévisses pour s'y adapter, construire une hutte, creuser des puits, transporter du bois de chauffe pour préparer des repas différents de leur nourriturequotidienne.
Il faut une justice de brave, c’est à dire osé faire son autocritique, se regarder à travers un miroir pour panser ces plaies, ainsi nous avions pardonné, mais pardonner ne signifie point oublier.
Au mois de mais 1968 des travailleurs de la MIFERMA furent tués par les forces de l'ordre Mauritaniennes.
En 1981, les auteurs du putsch ont été exécutés. En 1984 un ingénieur et un collégien furent tués : le premier à nouakchott , le second à Atar dans les commissariats de police .tous étaient accusés d'être trempés dans un mouvement nasseriste. En 1986 de nombreux civiles sont mort suite à une malnutrition chronique dans les geôles du tristement célèbre bagne de Oualata et les rescapés de ce mouroir qui n'ont pas survécu.
Les fonctionnaires du secteur public et prive révoques arbitrairement de 1986,1987, 1989,1990-1991 sont toujours à la recherche de leurs droits. Et il y a toutes ces personnes qui sont victimes d'assassinats, de comportements criminels ou délictuels, de fautes, de négligences,de procédures administratives, de mauvais traitements, tous ces gensdoivent être indemnisés convenablement selon les prescriptions de notre sainte religion l'islam.
Monsieur le président, Mesdames, Mesdemoiselles messieurs les invités, je ne saurais conclure cette intervention sans lancer un vibrant appel pour l’unité et la cohésion de notre peuple.
Notre pays est à la croisée des chemins et nous vivons dans une région traversée par des soubresauts et une instabilité qui se propage dans tous les sens.
Mais la Mauritanie a la chance d’être privilégié et elle dispose d’atouts importants qui pourraient lui permettre de faire face à tous ces périls.
Nous avons la chance d’avoir une population à 100% musulmane et pacifique. Et c’est bien entendu là un privilège unique en son genre dans le monde et qui fait bien des envieux.
L’islam est certes le ciment d’unité par excellence et il convient de veiller à son rayonnement et à sa bonne pratique.
Par ailleurs, notre pays regorge de ressources diverses, qui sont le gage de perspectives de développement prometteurs.
Mais ses richesses immenses devraient être exploitées, utilisées à bon escient et profiter à tous les mauritaniens, sans exclusive.
Notre peuple doit garder sa ligne de conduite jusque là irréprochable et refuser de tomber dans les pièges sordides ourdis par des mains invisibles et malintentionnés.
Nous devons tirer les leçons de notre histoire récente et éviter de répondre aux sirènes de la violence.
Notre intelligence devrait nous guider et nous pousser à éviter de tomber dans les mêmes erreurs que beaucoup d’autres pays aujourd’hui dévastés par la guerre qui y a semé la mort et la désolation.
Voyons ce qui vient de se passer en Colombie, avec cet accord de paix signé entre les FARC et le gouvernement de Bogota après plus de cinquante ans d’une guerre mortelle et dévastatrice.
Il convient d’éviter à notre pays un tel gâchis. Et, pour ce faire, nous devons privilégier le dialogue, régler nos problèmes en s’asseyant sur la même table, comme nous le faisons aujourd’hui.
Monsieur le président, Mesdames Mesdemoiselles Messieurs, voilà en tout cas l’approche que nous défendons au parti Arc-en-ciel, une approche à laquelle on croit et nous avons la ferme conviction que ce n’est que par la voie du dialogue que notre cher pays s’en sortira.
Vive la Mauritanie, Vive le dialogue. Je vous remercie.

Vendredi 30 Septembre 2016
Boolumbal Boolumbal
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