Dialogue national : Et si ce n’est qu’une manœuvre supplémentaire…

Au moment où l’attention de l’opinion publique nationale était braquée sur ce qu’on présentait comme le grand scandale des engrais, le ministre secrétaire général de la présidence, le Monsieur dialogue du pouvoir, sort brusquement des bois pour annoncer, une fois de plus, la décision du pouvoir d’aller rapidement vers le dialogue.



Pris de cours, le FNDU (Forum national pour la démocratie et l’unité), qui menait des contacts secrets et non déclarés avec le pouvoir à travers Ould Mohamed Laghdaf, n’a pas encore fait de réaction publique à la nouvelle offre publique de dialogue de la part du pouvoir. Même si certains de ses membres évoquent déjà un nouveau coup bas qui risque fort d’hypothéquer l’entente entre deux partenaires qui se regardent déjà, depuis huit ans, en chiens de faïence.
Mardi dernier, dans l’après-midi, et à la surprise générale, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, proche collaborateur du président Aziz depuis son coup de force contre le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, convoque à la va vite une conférence de presse au Palais des Congrès. Objectif : annoncer ce que le pouvoir n’a cessé de répéter ces dernières années : un dialogue sans tabous, ‘’sans lignes rouges’’ - comme on aime le dire chez les rectificateurs- avec l’opposition. Petite précision : pas de gouvernement d’union nationale, ni de gouvernement de compétences tel que l’exige la plate-forme de l’opposition présentée en 2015 au pouvoir et à laquelle celui-ci refuse de lui donner une réponse écrite.

Même s’il tenait apparemment à se montrer toujours conciliant, il a tout de même déclaré qu’ils ne peuvent pas attendre indéfiniment et que le dialogue aura lieu très rapidement. Presque une mise en garde à l’adresse du FNDU et des autres acteurs politiques. Pourtant, deux jours plus tard, le monsieur dialogue du pouvoir et son chef allaient partir, hors de Nouakchott, en vacances. Comme quoi, et en dépit de la brusque conférence de presse du ministre, le dossier du fameux dialogue n’est pas d’une très grande urgence chez le pouvoir... Alors de quoi s’agit-il donc ? Et pourquoi ressortir le dossier du placard ?

Il est utile de préciser à ce sujet que le président de la République avait déjà annoncé solennellement, lors de sa visite à Néma, que le dialogue entre les partenaires politiques devrait se tenir dans trois semaines. Il y a de cela plus de deux mois ! A la lumière de cela, il n’est pas exclu que la date de cette véritable arlésienne, qui n’a pas été précisée, soit encore reportée. D’ailleurs, certains n’hésitent pas à voir dans ce nouvel appel au dialogue une volonté d’ensevelir le dossier embarrassant des engrais. Surtout que les inspecteurs d’état qui le suivaient ont été soit renvoyés ou mutés. Si cela venait à se confirmer, le dialogue serait juste un instrument politicien entre les mains du pouvoir qu’il brandit pendant les moments de difficulté.

L’Opposition : ‘’Une annonce piège’’

Une semaine ou presque s’est déjà écoulée depuis l’annonce de la nouvelle offre du dialogue faite par le pouvoir. Jusqu’ici ni l’opposition dialoguiste, ni l’opposition boycottiste n’ont fait la moindre réaction. Bien sûr l’opposition dite modérée, assimilée par certains à une autre aile du pouvoir, doit se réjouir de la volonté du pouvoir de lancer rapidement un dialogue. Surtout si l’opposition dite radicale n’y participe pas. Ce qui lui donnerait plus de poids et plus d’avantages.

Quant à l’autre opposition, il y a le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) du président Ahmed Ould Daddah qui est hostile à tout arrangement avec Aziz et prône son départ pur et simple et du pouvoir. Il ne se sentira certainement pas concerné par cette question du dialogue.

Sceptique comme lui mais moins catégorique dans le refus au dialogue avec le pouvoir et, politiquement, plus pragmatique, le FNDU aura des difficultés à définir une position claire et tranchée par à cette offre du dialogue. Il vient toutefois de changer de direction et doit, logiquement, tenir rapidement un point de presse au cours duquel il ne manquera pas d’émettre un avis sur la situation politique du pays. Particulièrement le dossier du dialogue.

Quoi qu’il en soit, une question lancinante demeure posée : qui va gérer notre pays après –ou même avant pour certains- la fin du règne de Mohamed Ould Abdel Aziz ? Nous avons en effet besoin d’avoir confiance dans l’avenir, d’avoir le besoin de vivre ensemble et d’être fiers d’appartenir à un pays qui nous appartient tous…

Mohamed Mahmoud Ould Targui
Journal BILADI


Source: http://www.noorinfo.com

Lundi 22 Août 2016
Boolumbal Boolumbal
Lu 89 fois



Recherche


Inscription à la newsletter