Côtes mauritaniennes : Marée noire envahissante



Une nappe de fioul est apparue depuis quelques jours sur nos côtes, sur une distance de 200 km. Elle a déjà provoqué l’échouage de quelques espèces marines dont des poissons. Plus ou moins paniquées, les autorités déclarent pourtant qu’ils possèdent les moyens nécessaires pour faire face à ce qui ressemble bien à une catastrophe écologique. On n’est pas très sûr que le pays puisse, à lui seul, traiter la situation.

Les ministres des pêches et de l’économie maritime et de l’environnement et du développement durable en compagnie de leur homologue de l’équipement et des transports ont tenu dimanche soir une conférence de presse à Nouakchott afin d’éclairer sur ces tâches d’huile apparues sur la côte. Iln n’étaient pas apparemment mieux informés que le commun des mortels.

Premier à avoir pris la parole, le ministre des pêches, Nany Ould Chrougha, a indiqué que ‘’ces tâches sont apparues d’abord circonscrites et espacées avant de se transformer en 48 heures en tâches concentrées et reliées entre elles dans la zone située entre le wharf au sud et l’auberge du Sultan au nord en plus de petites tâches le long de la côte allant du wharf à 20 km au nord de N’Diago’’. Soit sur une distance de 200 km environ.

Il a ajouté que ‘’ces tâches, dont on n’a pas encore déterminé l’origine, ne présentent pas de danger, à ce jour, pour les ressources halieutiques avant d’assurer qu’actuellement l’institut Mauritanien de recherches océanographique et de pêche et le bureau mauritanien de contrôle sanitaire des produits de pêche procèdent à la surveillance et à l’évaluation de ces tâches en effectuant des analyses en laboratoire’’.

De son côté le ministre le ministre de l’environnement déclarait au cours du même point de presse : "des galettes de fioul dont l’origine reste à déterminer, s’étendant de l’ouest de Nouakchott jusqu’à 200 km vers le sud, ont été observées depuis vendredi, avec de rares échouages de poissons".

Moins catégorique que son homologue des pêches, il a indiqué "j’avoue que la situation est inquiétante. Nous sommes toutefois en phase de surveillance et d’évaluation du danger que cela représente", en précisant toutefois que la Mauritanie avait les "moyens de faire face à la situation" en l’état actuel. Pour l’heure, a-t-il précisé, "nous avons constaté l’échouage de seulement quelques poissons, d’une tortue, d’un dauphin".

Lundi, 24 heures plus tard, le premier ministre, Yahya Ould Hademine, qui s’est déplacé vers la plage, était plus prolixe. Sur l’antenne de la chaine nationale ‘’Al Mauritania’’, il a expliqué que la situation est grave et que la marée noire avait déjà provoqué la mort d’espèces de poisson, de dauphins et de tortues de mer qui ont échoué sur le littoral.

Bien avant le déplacement du PM, le gouvernement avait décidé de fermer la zone située entre le Wharf et l’auberge Sultana, interdit toutes les activités de loisirs dans cette zone et n’avait laissé ouvert que le marché de poisson. Il avait mis également en oeuvre "le plan ’Polmar’ de lutte contre la pollution (marine) par les huiles d’origine pétrolière".

Quant au nettoyage de la côté, de manière mécanique, il n’est intervenu que mardi matin et risque d’être bien insuffisant, tant il est plutôt urgent de traiter les taches de fioul qui flottent dans l’eau et qui paraissent être le nœud du problème.

A-t-on vraiment les moyens pour aller au-delà du nettoyage de la plage. Rien n’est moins sûr. Surtout que cela requiert beaucoup de moyens matériels et, surtout, de la technicité qui fait défaut dans le pays.

Demander l’aide…

Jusqu’ici, les autorités sont incapables de déterminer les causes réelles de la marée de fuel. Certains observateurs mettent en cause le bateau russe ‘’Oleg Naidenov’’, l’un des prédateurs de mer, à bord duquel s’est déclaré un incendie le 11 avril dernier dans l’un des ports des Iles Canaries.

Le dit incendie aurait été provoqué par une fuite de fuel. Les autorités de l’ile l’auraient poussé loin de leurs côtes vers les eaux internationales. Et c’est de là que son fuel est allé directement échouer dans nos eaux territoriales.

Si cette thèse arrivait à se confirmer, la Mauritanie sera autorisée à réclamer réparation à la maison qui assure le bateau. Faudra-t-il cependant pour cela être en mesure de prouver une telle éventualité. Il n’est pas évident, le cas échéant, que le pays possède l’expertise nécessaire pour cela.

Mais cela ne pose pas un grand problème, surtout que les organisations de protection de l’environnement, comme Green Peace, sont toujours aux aguets à la recherche de situations pareilles.
Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas encore lancé un S.O.S pour réclamer leur aide et celui, plus général, de la communauté internationale ? C’est l’unique voie qui aiderait le pays à faire face à cette catastrophe qui risque d’avoir déjà provoqué des dégâts incalculables dans notre environnement marin.

Amine Lazrag

Source: http://www.rmibiladi.com

Vendredi 22 Mai 2015
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