CONGRÉS D’ALEG OU L’ENCRE DE L’HISTOIRE



CONGRÉS D’ALEG OU L’ENCRE DE L’HISTOIRE
rticulation sans contexte essentielle de l’évolution de la Mauritanie, le congrès d’Aleg a rassemblé du 2 au 5 mai 1958 l’ensemble des élites de ce grand ensemble qui n’était alors qu’une colonie française parmi tant d’autres. Comment se sont-ils donné le mot, en l’absence des moyens de communications les plus élémentaires ?Je ne saurais le dire, mais toujours est-il qu’au jour J, leaders des partis politiques, chefs traditionnels tribaux et religieux, simples citoyens appâtés par la kermesse, tous ont afflué vers Aleg, venant des contrées les plus éloignées, malgré les conditions climatiques difficiles et la pénibilité des voyages.
Au-delà des efforts que les habitants d’Aleg, alors grosse bourgade construite autour du fort militaire colonial, ont déployés pour héberger ce millier de personnalités dans des conditions d’hospitalité et d’organisation exemplaires, il faut surtout saluer la grande maturité politique des participants. Parmi les partis politiques qui auraient assisté à ce rassemblement historique, nous pouvons citer :

- Union Progressiste Mauritanienne (UPR) créée en 1948
- Entente Mauritanienne (section de la SFIO) créé en 1950
- Association de la Jeunesse Mauritanienne ( AJM) créée en 1955
- Bloc Démocratique du Gorgol créé en 1957
- Union des originaires de la Mauritanie du Sud créée en 1958

La maturité politique dont ont fait preuve les participants à cette rencontre est sans égale en raison d’une part des diverses tendances vivement hostiles à l’indépendance et d’autre part parce que c’est la toute première fois qu’un tel rassemblement réunissant l’ensemble des composantes nationales se tenait.

Les décisions issues de ce congrès en témoignent clairement :

• création du Parti du Regroupement Mauritanien (PRM), par la fusion entre l’UPM et l’Entente; en plus de la main tendue aux autres formations politiques existantes ;

• évocation pour la première fois de la « vocation à l’indépendance nationale », même si le statut d’autonomie interne est maintenu ;

• affirmation de l’unité nationale par l’unicité de l’enseignement, l’inspiration musulmane de la justice et la suppression du système de l’impôt à deux niveaux entre les mauritaniens blancs et les mauritaniens noirs, système sournoisement instauré par le colonisateur ;

• prise de position nettement anticolonialiste par le refus d’adhésion à l’Organisation Commune des Régions Sahéliennes (OCRS) que la France soutenait

• l’appel lancé à celle-ci pour libérer l’Algérie.

Au regard de ces résultats, il nous est donc permis de dire, en exclusion de toute complaisance, que le congrès d’Aleg a marqué incontestablement, le véritable début de la période obstétricale, l’aube de l’enfantement de la Mauritanie ; une gestation qui allait durer exactement 940 jours et aboutir, le 28 novembre 1960, à l’indépendance du pays.

Bravant la patine que les décennies ont la fâcheuse manie d’accumuler sur les événements, même les plus importants, avant de les ensevelir pour toujours dans les abysses des oubliettes, le congrès d’Aleg continue de se hisser au faîte du processus de la constitution de notre pays en tant que tel et s’inviter dans la mémoire de notre peuple le 2 mai de chaque année.

Aussi, nous sommes en mesure de dire aujourd’hui que les initiateurs et les organisateurs de cet événement, pour rédiger leurs résolutions, ont trempé leurs plumes dans une encre indélébile, à la formulation bien particulière, car elle n’est pas moins que l’encre de l’histoire.

Mohamed Abdallahi Ould El Houssein

Source: http://adrar-info.net

Lundi 4 Mai 2015
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