Bonco Camara : « il est temps que le drapeau vert-jaune flotte davantage lors des compétitions ..."



Bonco Camara : « il est temps que le drapeau vert-jaune flotte davantage lors des compétitions ..."
La Nouvelle Expression : Comment êtes vous arrivée à l’athlétisme?

Bonco Camara :
C’était dans un après midi de 2003, très jeune, à peine quinze ans, que ma mère m’a prise par la main pour me confier à un entraineur nommé Sidi Fall qui n’est plus parmi nous aujourd’hui (que la terre lui soit légère); c’est comme cela que je suis arrivée au sport, précisément à l’athlétisme.

La Nouvelle Expression : Avez-vous déjà assisté aux compétitions internationales au nom de la Mauritanie?

Bonco Camara :
J’ai représenté la Mauritanie un peu partout en Afrique (Egypte, Algérie, Mali, etc.). J’ai été aussi aux Jeux Olympiques de la Chine et au Japon.

La Nouvelle Expression : Parlez-nous de votre performance et votre expérience de l’athlétisme mauritanien?

Bonco Camara :
Grâce à mon courage et au soutien de mes entraineurs et de mes parents, ma performance s’améliore de jour en jour. Dans le monde de l’athlétisme, j’ai appris que seul le travail paie; qu’il faut aussi se surpasser et surtout croire en soi et ne jamais abandonner tant que l’on n’a pas obtenu ce que l’on veut, même étant une fille.

La Nouvelle Expression : Comment se porte l’athlétisme mauritanien?

Bonco Camara :
L’Athlétisme mauritanien se porte très mal. Les autorités mauritaniennes n’ont jamais donné de considération à l’athéisme masculin à plus forte raison féminin. Nous nous débrouillons nous-mêmes sans aucune faveur. Nos frais de déplacements sont dérisoires, aucune importance; je suis restée a l’athlétisme par amour. Même les medias se sont désintéressés de ce sport. Il y en a même qui pensent que l’on n’a même pas de fédération de cette discipline. Jai entendu dire que le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports compte investir d’avantage pour le football, j’espère qu’il fera pareil pour nous aussi; comme ça, on aura une salle de musculation à notre disposition avec tout l’équipement qui va avec, afin de mener à bien notre sport. Car il est temps que le drapeau vert-jaune flotte davantage lors des compétitions d’athlétisme.

La Nouvelle Expression : Comment conciliez-vous le sport et la vie dans notre société?

Bonco Camara :
Jai été toujours regardée d’un œil bizarre, comme si on me disait que l’athlétisme n’est pas fait pour une fille mauritanienne, pour une Soninké. Mais avec le soutien de ma famille, mes amis, mes entraineurs et surtout celui de mon grand-père, le vieux Camara Seydi Boubou, j’ai pu arriver presque à ma destination.

La Nouvelle Expression : Étudiante au Sénégal, alors fini l’athlétisme de haut niveau?

Bonco Camara :
Je suis allée au Sénégal pour continuer les études après avoir obtenu mon baccalauréat option Sciences naturelles. Je suis, aujourd’hui, au Sénégal munie d’une autorisation de sortie (document me permettant de compétir sur le territoire sénégalais), attribuée par la Fédération Mauritanienne d’Athlétisme. Arrivée à Dakar, j’ai été approchée par l’Association Sportive de la Douane sénégalaise dont l’entraineuse nommée Fatou Sissoko m’avait rencontrée au Japon et en Chine. Grâce à elle, je participe à toutes les compétitions organisées au niveau du Sénégal au nom du club de l’AS Douane.

La Nouvelle Expression : Quels sont vos rapports avec Myriam Soumaré?

Bonco Camara :
Jai rencontré Myriam Soumaré au Japon quand elle cherchait la délégation mauritanienne parce que Myriam Soumaré est d’origine mauritanienne de mère et de père et précisément du Guidimakha. C’est le hasard qui a croisé nos chemins car mous sommes (Myriam et moi) toutes de la Mauritanie, toutes Soninké et toutes de la même région qui est le Guidimakha. Depuis lors, Myriam et moi, nous communiquons par téléphone. Et ensuite, on s’est croisées en Chine (J.O.). Aujourd’hui, les liens qui nous lient sont très forts parce que nous avons le même destin : l’athlétisme. Je ne regrette pas d’avoir fait sa connaissance, et d’ailleurs je la remercie infiniment de m’avoir fourni tout un équipement de sport avec lequel je m’entraine jusqu'à ce jour. Que Dieu l’aide dans son parcours. Elle a été championne d’Europe de 200 m, j’espère qu’elle le sera aussi au championnat du monde et aux J.O. Je le lui souhaite de tout mon cœur.

Et pour finir, j’espère vraiment que l’Etat Mauritanien octroiera des bourses d’études dans le domaine du sport pour ces athlètes qui ont tout perdu pour l’amour de ce sport (l’athlétisme) au service de l’image de la nation, pour qu’ils puissent revenir en tant qu’entraineurs de haut niveau.

Propos recueillis par Fatimata Sall

La Nouvelle Expression N° 97 du 07 septembre 2010


Source
: taqadoumy.com

Mercredi 8 Septembre 2010
Boolumbal Boolumbal
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