B’IL A DIT… : LES TRENTE SIX PROCESSIONS…



B’il a dit et redit des tas de choses. B’il dira et redira des tas d’autres choses. Le trente sixième anniversaire de l’avènement des militaires au pouvoir est passé inaperçu ou presque. C’était un 10 juillet 1978. Ils avaient, dans le communiqué numéro un, annoncé le redressement de la Mauritanie, la démocratie.Un peu le dernier recours, pour sauver le pays du démembrement et de la main de ceux qui l’ont lâchement spolié, indiquait-on, dans ce fameux communiqué numéro un. Après trente six ans, on aimerait bien avoir laissé derrière toutes ces tares : Le démembrement ; la lâche spoliation du communiqué numéro un.
Mais, non ! Et non aussi pour la démocratie. Puisque celle qu’on n’a connue, dans les années 90, on ne saurait l’appeler vraiment démocratie. Ni appeler son avatar de 2009 une démocratie. Le démembrement est toujours là. La spoliation est toujours là. Et les militaires sont toujours là.

On aime bien dans quelque milieu parler des militaires, les vanter, les présenter comme l’unique institution organisée. Organiser en quoi ? Si depuis, 1978, depuis qu’ils sont là, ils n’arrivent, nos militaires, à organiser – et encore- que les militaires, c’est qu’ils ont failli à leur mission.

Pas à leur mission d’origine, ( celle-là, elle est aux oubliettes, la vocation est toute politique, désormais) mais celle qu’ils ont adoptée en 1978 : le redressement de l’Etat. Il serait bien une contreperformance de ne pouvoir compter, en quatre décennies ou presque, que sur l’organisation d’une seule institution. Il est bien risible de parler organisation et parler institution militaire mauritanienne !

En trente six ans, on compte déjà cinq coups d’Etat, deux putschs manqués, une ou deux révolutions de palais ! Sans compter le passage – un passage à sec et à sac- des officiers et hauts gradés sur des institutions publiques. Un saccage tout simplement. L’avènement des généraux n’est pas celle du rabais. Du rabais moral, oui ! Mais, le rabais du pillage.

Kinross-Tasiast en sait quelque chose. La nouvelle sucrerie n’est qu’une – sucrerie, aux mains de l’un des nos éminents généraux. Sa belle-fille, qui n’est pas vraiment fonctionnaire de la boîte à sucres, se pointe à la fin de chaque mois pour empocher sa paie pour un boulot, qu’elle n’a jamais fait.

Le gendre de ce même général, qui, lui, en tout cas est un fonctionnaire de la boîte, fait le beau temps et le mauvais. Il y a aussi un cousin du général en chef, qui, lui fait non seulement tous les temps possibles et imaginaires, mais il se sucre. C’est agréable à sucer, parait-il, le sucre. Quand on dénombre les privilèges dont bénéficient les généraux d’aujourd’hui, on comprend mieux l’organisation de l’armée mauritanienne.

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Possession…

B’il a dit et redit des tas de choses. B’il dira et redira des tas d’autres choses. Quand on revient au communiqué ancêtre de l’armée mauritanienne, on ne peut croire qu’il y a un mot qui s’appelle démembrement. Et pourtant, il y est. Et c’est l’équipe de feu Moktar Daddah, qui est responsable du démembrement. Et ce sont les militaires, qui sont venus qui vont arrêter le démembrement. Ben, c’est ce qu’ils ont dit. Et ce qui est marrant dans l’affaire, c’est que chaque militaire, depuis 78, qui vient au pouvoir, prétend être meilleur que son prédécesseur.

On imagine bien, quand on parle des jeunes du général Mesgharou. Un corps militaire, en plus, qu’on attribue à un général de l’armée. Et ce corps, qui est une nouvelle configuration, ni tout à fait militaire, ni tout à fait police, a vu le jour pour réguler la circulation. Depuis les jeunots de Mesgharou, apparaissent plus devant les tribunaux, chez les juges, trempés souvent dans des sales affaires de mœurs et autres indignités, pour un homme de loi. Tant pis pour la régulation du trafic. Tout le trafic.

Certains disent dans ce qu’ils disent, aussi bien au temps de Maaouya, de Haïdalla, qu’avec Aziz, qu’il faut composer avec les militaires. Il ne faut pas trop leur demander, disent-ils, assez souvent. Ce sont des militaires. Pourtant, il se trouve que chacun de ces militaires, au moment où on n’aime pas trop lui demander, est à la tête de l’Etat. En termes de responsabilités, il n’y en a pas plus haute.

Il n’y a en a pas plus symbolique ! Comment on ose enlever la responsabilité au premier citoyen d’un pays. On le présente souvent, et ce sont surtout les politiques de son bord, comme un diminué. Un sous être humain. Une sous créature. Qui n’est pas comptable de ses actes. Alors, que lui, il ne fait que compter. Et il fait compter les siens…

Il est vrai que la responsabilité se limite aux militaires qui profitent. Ceux qui vivent des passe-droits, qui gèrent des institutions publiques. Mais, les autres on ne les a jamais connus. C’est la grande muette. Un militaire reste inconnu jusqu’au jour, où il ordonne un communiqué numéro Un. Se lève sur le parvis de la morale et promet paradis terrestre et dans l’au-delà. Vilipende son prédécesseur, la félonie, par excellence, la honte, par essence.

Là voilà ! On ne le connait pas celui-là ! Heureusement, on ne l’a jamais vu. C’est bon signe ! Un an après. Deux ans. Trois ans. Un mandat. Puis un autre mandat. Les années se ressemblent. Les mandats aussi. Comme se ressemblent les militaires. Du premier au dernier militaire. Y’a-t-il un dernier militaire, pendant qu’on y est ? Une question bête. Pourvu qu’elle ne la soit pas !

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Source : RMI Biladi (Mauritanie)

Vendredi 18 Juillet 2014
Boolumbal Boolumbal
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