Aziz face à la presse : inexactitudes, imprécisions, erreurs flagrantes…



L’interview (et non conférence de presse) que vient de donner le Président Aziz à certains medias nationaux continue de susciter des réactions en chaine. Dans cet exercice dont pourtant il est coutumier, le président est apparu tendu, crispé, irascible et maitrisant très mal ses dossiers. Plus grave encore, alors que l’homme a toujours voulu donner de lui une image de démocrate ouvert, l’épisode de l’interruption de la diffusion télé par ordre direct donné aux journalistes est un mauvais signal. De même, les «vous avez un Etat à vous ? Vos informations sont fausses » en guise de réponse aux questions, ses piques contre Ould Waghf (ancien premier ministre) et contre les banquiers sont révélatrices de la gène du président tout au long de cette interview. A sa décharge, le président était revenu seulement en début d’après midi d’un long périple de dix jours dans les régions Est du pays et il n’a pas eu le temps de se préparer à répondre aux questions des journalistes.
En écoutant le président parler, et sans être exhaustifs, nous avons relevé certaines, inexactitudes, imprécisions et erreurs flagrantes et certaines fautes graves par omission ou par commission.

La plus grave est sans doute le fait de se prononcer dans un dossier en cours d’instruction judiciaire. En effet, en dépit de la présomption d’innocence universellement admise, le président a accusé ouvertement des prévenus d’avoir puisé dans les caisses du Trésor ! Par cette affirmation le président a battu en brèche l’indépendance de la magistrature dont il préside le haut conseil. Mais voyons les chiffres d’abord !


Les chiffres


Parlant du Taux de chômage, le président a affirmé que d’après un rapport du BIT, il s’élevait en 2011 à 10 ou 11 %. Exact, ce rapport affirme qu’en 2012 le taux de chômage en Mauritanie est de 10,1% mais le même rapport donne au Maroc un taux de 9,1%, au Mali 7,3%, au Sénégal 10,4%, en Algérie 9,8% et en Guinée…. 1,7% ! C’est dire qu’il n’ya pas de quoi pavoiser.
A une question relative au contrat de nettoyage de la ville de Nouakchott le président a affirmé que le contrat de Pizzorno était de 5 milliards et que la CUN avait lancé un appel d’offre et s’apprêtait à l’octroyer à 5 entreprises mauritaniennes pour le même prix. Là, le président à tout faux. Le contrat passé avec Pizzorno pour10 ans signé le 25 janvier 2007 entre les deux parties ne parle que d’un montant de deux milliards 114 millions/an auxquels on pourrait ajouter 1,3 milliards pour le Centre d’enfouissement technique, ce qui est loin des 5 ou 6 milliards dont a parlé le président. Pour ce qui est de l’avenir, le président n’est apparemment pas au courant que l’appel d’offre lancé par la CUN a été déclaré infructueux le 05/03/2015. Voir ce lien : (http://www.cun.mr/fr/node/115) et que si l’on fait la moyenne des offres retenues aussi bien pour l’enlèvement que pour l’enfouissement, on tombe sur un chiffre qui tourne autour de 8 milliards d’ouguiyas.


CDD

Concernant la caisse des dépôts et de développement, CDD, le président a affirmé que cette entité publique n’a jamais accordé la moindre ouguiya aux proches du pouvoir. Là aussi ce n’est pas tout à fait exact, en effet la CDD a accordé à certaines banques des facilités à des conditions très avantageuses. Ces banques sont Maurisbank, un milliards d’ouguiya dont 500 millions avaient été décaissés avant sa fermeture, BMS dont l’un des principaux actionnaires est un proche de la présidence : 500 millions, BPM proche de l’ancien premier ministre, 500 millions.

Etat civil

Pour ce qui est de l’Etat Civil, le président a affirmé que cette Administration ne percevait directement aucune ouguiya et qu’elle n’avait que son budget de fonctionnement à gérer. Or tous les mauritaniens savent que pour obtenir sa carte nationale d’identité il faut payer 1000 ouguiya contre lesquels aucun reçu n’est délivré. Pour 1 800 000 inscrits sur la liste électorale, ça fait un milliard 800 millions d’ouguiyas auxquels il faut ajouter les extraits des actes de naissances, 200 ouguiya valable seulement pour trois mois, les actes de mariage et les actes de décès 500 ouguiyas, les cartes de séjour pour les étrangers (30 000 UM) tout cela fait un joli pactole qu’on ne peut pas ignorer.


Cheikh Ould Baya

Concernant l’affaire Cheikh Ould Baya, le président Aziz a parlé d’un décret ou arrêté qui daterait de 1988 et qui accorderait 60% au délégué. Il n’en est rien, non seulement à cette date, il n y avait pas de délégation mais même le texte le plus décriés n’accorde que 48 %. Il s’agit du décret 2009/ 053 en date du 8 janvier 2009 donc au moment ou Cheikh Ould Baya etait encore Délégué à Nouadhibou.


Aide à la presse

A une question relative à l’aide à la presse le président répond qu’il faudrait voir ça avec la haute autorité de la presse et de l’audivisuel, Hapa. Or justement, la Hapa n’a rien à voir dans « ça » sauf qu’elle abrite les réunions de la Commission qui est présidée par un de ses membres. mais le montant de l’enveloppe destinée à la presse est du ressort du ministère en charge de la Communication qui plus désigne tous les membres de cette commission.

Carburant

Pour ce qui est de la baisse des prix du carburant, le président a prétexté les années pendant lesquelles l’Etat subventionnait chaque litre de gasoil à hauteur de 86 ouguiya pour ne pas en faire bénéficier les consommateurs actuellement. Mais l’étude de la structure des prix montre que les mauritaniens depuis de longs mois payent à l’Etat 129 ouguiya pour chaque litre de gasoil consommé.

Snim

Concernant le dossier épineux de la SNIM, le président a affirmé qu’il n’y avait pas d’accord entre les employés et l’entreprise, or un Protocole d’accord en date du 03 mai 2014 a bien été signé entre la SNIM et les travailleurs. Signé coté SNIM par Bah Ould Choumad, Directeur des Ressources Humaines et Abderrahamane Ould Brahim, chef du Service du Personnel de l’établissement de Zouerate. et coté travailleurs par 1-Mohamed Mahmoud Ould Yarg,
2- Mohamed Ould Saleck, 3-Mohamed Abdou,Sid’Ahmed Mouloud,4- Cheikhna Ould Alioune,5-Ibrahima Dioum,6-Isselmou Ould Dadda,7-Mohamed Ould Brahim,8-Roughaya Sy El Hadj,9-Isselmou ould Mohamed,10-Youvre Ould Varajou,11-Mohamed Ould 12-Mohamed Salem,13-Mohamed Ould Cheine,14- Khalidou Samba Yathé,15-Hamada Ould Blal,16-Sid’Ahmed Ould Moyé,17-Kénémé DEMBA, 18-Cheikh Ould Ahmed Khalifa,19- Ahmed Ould Abeîly,20- Cheikhna Oumar Sissoko cet accord devait entrer en application au plus tard en Octobre 2014.

Par ailleurs le président a affirmé qu’il n’est intervenu dans la gestion de la SNIM que deux fois seulement; une fois pour empêcher qu'elle soit vendue ou bradée et une autre pour ordonner l'intégration des "journaliers". Mais alors qui a ordonné à la SNIM de prêter 15 milliards à la société Najah ? Qui lui a dit d’acheter des avions à Mauritania Aiways ? Qui lui a dit d’acheter et de construire un terrain dans les Blocs plus de dix milliards? Qui lui a dit de créer une société d’assurance qui elle aussi s’est a acquis un terrain aux blocs et s’est mise construire un immeuble à usage commercial ? Qui lui a dit d’intervenir dans le programme Emel, par le biais de la fondation de la SNIM ?

Assainissement Nouakchott

A la question sur l’Assainissement de la ville de Nouakchott, le président a parlé de l’expérience des hollandais qui n’a rien à voir avec l’assainissement et à voir les trottoirs sur l’avenue de Toujounine et sur les autres avenues de Nouakchott, on sait bien que le système d’égouts n’est pas dans le programme de ce gouvernement. Par contre le président a été précis pour ce qui concerne le nombre de citernes de l’ONAS (26) quand au financement dont il a parlé le seul déjà matérialisé concerne un accords de don de 5 milliards d’ouguiyas environ et un crédit sans intérêt de 5 milliards d’ouguiyas, destinés au financement de projets de coopération économique et commerciale convenus entre la Chine et la Mauritanie, particulièrement le projet d'assainissement de la ville de Nouakchott et qui ne devrait concerner que les eaux de pluie.

Politique

Enfin sur le plan politique, le président a affirmé que la majorité n’a ajouté aucun point à la plateforme présentée par l’opposition or on le sait les élections présidentielles anticipées ne faisaient pas partie des points proposés dans l’initiative de Messoud Ould Boulkheir.
Il faut souligner qu’il est impensable que le président de la République affirme qu’il ne sait pas à combien a été condamné un militant récipiendaire du prix des Nations Unis pour les Droits de l’homme et ancien candidat aux élections présidentielles avec un score de 10% des suffrages.

C’est dire que pour cette fois le président de la République nous a laissé sur notre faim. Aucune annonce importante, aucune initiative pour résoudre le problème de la SNIM, pas même la promesse qu’il allait remettre le pouvoir en 2019 à son successeur !
BC

Source: http://www.mauriweb.info

Lundi 30 Mars 2015
Boolumbal Boolumbal
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